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J'aime bien quand mon enthousiasme béat est douché par des considérations un peu plus réfléchies sur les directions dans laquelle des choix techniques peuvent nous emmener.
“La technologie n’est jamais neutre. C’est un terrain de conflit influencé par les imaginaires et les intérêts des personnes en charge de son design. La blockchain dérive ainsi d’une vision de l’homme très particulière : des individus autonomes passent des contrats entre eux. Ils n’ont pas besoin de collectif, de communauté. Et les contrats sont fondés sur une forme de propriété.
(…) La blockchain reste techniquement problématique, pour deux raisons. D’une part, pour créer de la confiance entre deux personnes, elle demande de vérifier l’intégralité du réseau. C’est loufoque ! A cause de l’énergie dépensée, mais aussi en termes de confiance humaine.
Le deuxième danger tient au fait que la blockchain est une organisation automatique. Prenons cette fois-ci l’exemple hypothétique d’un marché de l’assassinat. Avec les contrats intelligents de la blockchain, il fonctionnerait sans personne aux manettes. Si vous avez misé tant d’argent et que cette personne disparaît, la somme est versée sur votre compte. Il devient alors intéressant de financer des assassinats. Il serait difficile d’arrêter ce programme car il vivrait de façon autonome, hébergé sur plusieurs serveurs à la fois. La police ne pourrait pas dire : « Qui sont les responsables ? »
(…) “Nous sommes de plus en plus dirigés par des choix techniques qui n’ont été soumis à aucun débat démocratique. Les règles sont intégrées dans des plates-formes utilisées au quotidien, qui manipulent nos comportements.”